Le Manoir de la Règnerais, Le Crouais
Situé à 200m du bourg, il était autrefois dans la Seigneurie de Quédillac. Au XIII ème siècle, il appartenait aux Gaultier Sieurs de la Saudray puis au XV ème siècle, il appartient aux seigneurs de la Règnerais ou Règneraye jusqu’en 1513 (le Manoir avec les bâtiments de ferme à coté). Il s’agit aujourd’hui de deux propriétés distinctes.
En 1796, le Manoir de la Règnerais était l’habitation de Joseph Renaud, Capitaine des chouans (insurgés royalistes se soulevant contre le nouveau pouvoir en place) d’où la sombre histoire sanglante de la nuit du 22 au 23 février 1796.
La nuit du 22 au 23 février 1796
« L’année 1796 fut marquée en février par une affaire qui débuta au Crouais et se termina le lendemain à Médréac. Entre des dates qui varient de quelques jours à un mois, nous nous arrêtons à celle des 22 et 23 février. En dehors de deux documents officiels, très laconiques mais substantiels, nous utilisons pour cette affaire le travail de Muret [...].
Le 22 février, à cause de la présence de Puisaye et de son état-major revenu du Morbihan, Joseph Renaud du Crouais, un des capitaines de la division de Médréac, avait invité la plupart des officiers de cette division et plusieurs dames à sa maison de la Reignerais. Au nombre des invités se trouvait un déserteur nommé Jean Legrain que Saint-Regeaut, Chef de la division de Saint-Méen, avait fait prisonnier quelques jours auparavant au Loscouët et avait envoyé dans la division de Médréac : il s’y était bien comporté et avait gagné la confiance des Chouans. Au moment de se mettre à table, on remarqua que Legrain était absent, mais cette absence n’éveilla aucun soupçon… et les fourchettes et les langues marchèrent bon train !
Soudain un coup de feu éclate ! Il vient d’être tiré par un invité heureusement en retard qui aperçoit à trois cents pas de la maison une colonne républicaine et donne ainsi l’alarme : c’est le cantonnement de Saint-Méen, au nombre d’une centaine d’hommes que Legrain est allé prévenir et qui pense s’emparer des chefs chouans, ainsi qu’en une souricière ! Renaud sort le premier de sa maison suivit des autres royalistes tandis que les dames filent sur Quédillac. Les chouans s’embusquent derrière une haie et les Bleus se mettent à l’abri d’un talus ; pendant deux heures, dit Muret, on tirailla. Mais les chouans, à bout de munitions diminuent puis cessent leur feu et battent en retraite tout en combattant. Pendant l’action ou durant la retraite, de Boisencour de Rennes officier supérieur et Merel de Caulnes lieutenant, furent frappés à mort ; Joseph Bougault, capitaine de Quedillac et Joseph Renaud furent grièvement blessés. »
NEVEU Emmanuel (Abbé) – La Chouannerie. (Imp. Lechaplais Saint-Hilaire-du-Harcouët, 1972)
Cette bataille vis la mort de nombreux hommes de chaque côté. Il s’agit sans doute de l’explication du nom de « Pré Sanglant », prairie située près de la rivière du Garun ; cette rivière serait devenue toute rouge. Une barrique d’or y serait enfouie à proximité.